L’Iran recrute des agents étrangers (Rapport)
Iran Focus:Le rapport préparé par le “Combating Terrorism Technical Support Office(CTTSO)”, affirme que « les services iraniens utilisent tous les moyens à leur disposition pour protéger la révolution islamique d'Iran en utilisant des méthodes telles l'infiltration des groupes de l'opposition, la surveillance les menaces internes et des dissidents expatriés, l'arrestation de prétendus espions et des dissidents, le maintien de liaison avec d'autres agences de renseignement étranger et les organisations qui protègent les intérêts de la république islamique dans le monde. »
Un reportage sur la chaine CNN, le 4 janvier, précise que « le rapport a été préparé à la demande du Pentagone par les enquêteurs du gouvernement » et jette la lumière sur « les projets terroristes et la guerre cybernétique qui constituent les tactiques utilisées à travers le monde par l’agence du renseignement iranien, considéré l’une des organisations d'espionnage les plus importantes et les plus agressives au monde. Le rapport précise que le personnel des services iraniens des renseignements et de sécurité [VEVAK] se monte à quelques 30 000 cadres, comparé aux 100 000 cadres des 17 services de renseignement américains. »
Le rapport, qui s'étend sur 64 pages, rendu publique par le Département de Recherches de la Bibliothèque du Congrès américain, ajoute que « si les tenants islamistes de la ligne dure sont en charge du ministère sous la supervision du guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei, l'organisation regroupe un mélange de divers idéologies politiques. Le ministère contrôle toutes les opérations secrètes. Exécute lui-même les opérations à l'intérieur, mais confie à la force Qods des gardiens de la révolution islamique la plupart des opérations extraterritoriales telles que les sabotages et les assassinats. »
Concernant le programme nucléaire militaire de l’Iran, le rapport intitulé « Le ministère iranien du renseignement et de sécurité : un profil », indique que « si l'Iran a créé un système de contre-espionnage bien équipé pour protéger son programme nucléaire, il apparaît cependant que les agents des autres agences de renseignement ont réussi à infiltrer le système ainsi que certains parties de l'appareil de renseignement iranien. »
Sur les méthodes de recrutement des agents iraniens, il est indiqué que ceux-ci suivent leur formation à l'université Imam Mohammad Bagher de Téhéran, rattaché au VEVAK. Les termes et les conditions pour les candidats sont « la foi dans l'islam, la citoyenneté iranienne, la foi dans le velayat faghih (le principe de la suprématie du guide suprême) et la République islamique, une santé mentale et physique attestée par les médecins du VEVAK, aucun engagement avec d'autres organisations gouvernementales. »
Le recrutement d’agents étrangers
Détaillant les méthodes de recrutement d'agents étrangers, il est précisé que depuis l'accession d’Ahmadinejad à la présidence des mollahs, le VEVAK a donné un nouvel essor au recrutement des étrangers. « Un budget considérable permet aux VEVAK d’enrôler non seulement des djihadistes en Irak et en Afghanistan, mais également de recruter des espions et des agents pour mener des campagnes de désinformation. La méthode de recrutement est pratiquement la même que pour des Iraniens.
«Les agents du VEVAK identifient des candidats potentiels et les approches. Si les individus répondent positivement, ils sont alors contactés par l'ambassade iranienne dans leurs pays respectifs. Avant de l’envoyer en Iran, l’ambassade organise une entrevue sous prétexte d’une visite ou d'un séminaire. (…) Le VEVAK recrute ses agents étrangers principalement de pays musulmans, et particulièrement d'Irak et du Liban, et d'autres pays chiites. Le VEVAK possède des centres de recrutement pour les étrangers dans les pays du Golfe persique, au Yémen, au Soudan, au Liban, en Palestine, en Europe, en Asie du sud et de l'est, en Amérique du nord et du sud.»
La guerre psychologique
Le rapport révèle l'existence d'un vaste « Département de la désinformation chargée de mener la guerre psychologique contre les ennemis de la république islamique ». Dans son introduction, on précise que « le gouvernement iranien considère les Moudjahidine du Peuple comme l'organisation qui constitue la plus grande menace pour la république islamique d'Iran. Une des principales responsabilités du ministère des renseignements et de sécurité (VEVAK) consiste à conduire les opérations secrètes contre l'OMPI et d’identifier et d’éliminer ses membres. »
Le rapport explique que « Le VEVAK recrute également à l'extérieur de l'Iran. De 1990 à 1993 il a recruté d'anciens membres des Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI) en Europe pour les utiliser dans une campagne de désinformation contre le mouvement. (…) Le régime iranien et son appareil de renseignement considère l'OMPI comme l'organisation d'opposition la plus sérieuse. Le VEVAK a fait de la guerre psychologique contre l’OMPI un de ses principaux objectifs. »
Une britannique et son mari iranien, fer de lance du VEVAK
« Le recrutement d'une citoyenne britannique, Ann Singleton, et de son mari iranien Massoud Khodabandeh, est un exemple révélateur des méthodes utilisées par le VEVAK pour contraindre les non-iraniens à collaborer avec lui », révèle le rapport des services américains, photos à l’appui. « Massoud Khodabandeh et son frère Ibrahim étaient tous les deux membres de l'OMPI. En 1996, Massoud Khodabandeh a décidé de quitter les rangs de l'organisation. Ensuite, il a épousé Ann Singleton. Quelque temps après leur mariage, le VEVAK les a contraints à collaborer en les menaçant de confisquer les biens considérables de la mère de Khodabandeh à Téhéran.
« Singleton et Khodabandeh ont alors accepté de travailler pour le VEVAK et d’espionner l'OMPI. En 2002 Singleton a rencontré à Téhéran les agents du VEVAK qui étaient intéressés par ses antécédents. Elle a accepté de collaborer avec le VEVAK pour sauver son beau-frère – qui était toujours membre de l'OMPI à l'époque. Au cours de son séjour à Téhéran, elle a reçu une formation du VEVAK. Après son retour en Grande-Bretagne, en hiver 2002, elle a lancé le site Internet iran-interlink.org», voué exclusivement à la propagande anti-OMPI.
Les services français instrumentalisés par le VEVAK
« Le recrutement d’un couple irano-britannique, Massoud Khodabandeh et Ann Singleton, par le Vevak offre probablement le cas d’école le plus intéressant pour qui veut analyser le savoir-faire iranien en matière de désinformation, » écrivait en janvier 2012 l’ex-patron de la DST, Yves Bonnet, auteur de l’étude la plus complète des services secrets iraniens (« le Vevak au service des ayatollahs », édition Timée). Ce dernier a également dénoncé dans un ouvrage récent l’instrumentalisation des services français par le Vevak pour déstabiliser l’opposition iranienne en France au début des années 2000. Outragé par « une collusion entre les services du Vevak et ceux de la DST », le préfet Bonnet publiait « Le Grand Complot » (édition Jean-Claude Gawsewitch, 2012).
Il y révélait déjà les intrigues du « couple irano-britannique » introduite par le VEVAK avec la bénédiction de la DST dans le dossier juridique des dirigeants de la résistance iranienne en France qu’ils accusaient de « terrorisme ».
Souvenons-nous qu’en juin 2003 une spectaculaire rafle policière avait visée les locaux de la Résistance iranienne sur instruction du juge Jean-Louis Bruguière au cours duquel 165 personnes avaient été arrêtées et plusieurs mises en examens. L’ancien rédacteur en chef du JDD, Jean Claude Maurice a démontré dans un chapitre de son livre, « Si vous le répétez, je démentirai » (édition Plon), comment Téhéran avait marchandé à l'époque avec les autorités françaises de l’époque dont Dominique de Villepin. L’opération devait en effet ouvrir la voie à la signature d’importants contrats. La politique de complaisance face aux mollahs avait atteint son pic, au détriment de militants de l’opposition.
« Des agents du régime qui se présentent comme des Moudjahidine repentis viennent témoigner : Karim Haghi, Anne Singleton, Massoud Khodabandeh, Mohammad Hossein Sobhani, Adham, Tayebi, Mir Asgari, Hossein Machoufi », dénonçait le préfet Bonnet. « Le Vevak envoie ses agents auprès de la DST et du juge d’instruction en les présentant comme d’ex-membres de l’OMPI cherchant à déposer à charge contre le mouvement. Ce qui ravit l’instruction. Confrontés à une absence de preuves contre la Résistance, on cherchait donc à étoffer le dossier avec des dépositions calomnieuses d’une poignée d’éléments du VEVAK.»
L’auteur poursuit : « C’est la reconnaissance, et même la revendication cynique et explicite, non seulement de l’existence de relations de service entre le Vevak et la DST, mais, bien au-delà, de leur haut niveau de confiance et de leur ancienneté. »
« Rarement aura été égalée une telle qualité de collaboration – même jamais à ma connaissance – ce qui, compte tenu du contexte géopolitique, de la position de l’Iran sur le dossier nucléaire, des atteintes graves que ce pays commet aux droits de l’Homme, est tout simplement inconcevable, » s’indignait l’ancien directeur de la DST. L’affaire a ensuite aboutit en 2011 sous la direction du juge antiterroriste Marc Trévidic, qui avait entre temps succédé à Jean-Louis Bruguière, à un non lieu en matière de terrorisme.
En France, le VEVAK a non seulement tenté d’instrumentaliser les services, mais a pu orchestrer sa propagande dans les milieux politiques et médiatiques. La sénatrice Nathalie Goulet, a publié un pamphlet anti-OMPI, basé sur la propagande relevée notamment sur le site d’Anne Singleton, iran-interlink.org et une publication du Vevak portant la signature de Singleton (Saddam’s Private Army Iran, Ann Singleton).
Le journaliste franco-iranien Armin Arefi sollicitait Anne Singleton sur le blog du Monde.fr. (le 27 nov. 2011) pour diaboliser l’OMPI en décrivant cette agent britannique du VEVAK comme « une ex-Moudjahidine et spécialiste de la question ». Le journaliste Jean-Pierre Perrin reprenait à son compte la propagande véhiculé par le Vevak en invitant les lecteurs de Libération (le 22 mai 2005) à lire le site iran-interlink .
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